Il
fut un temps où la télévision produisait des téléfilms et des séries
relevant du merveilleux, du fantastique ou de la science-fiction.
Il fut un temps où les ``étranges lucarnes'' portaient bien leur
nom. Il fut un temps où scénaristes, réalisateurs et producteurs
pouvaient aller proposer aux diffuseurs d'adapter
Sturgeon, Mary Shelley, Shirley Jackson, Gaston Leroux,
Gustave Le Rouge et quantité d'autres facteurs de rêves
sans se voir poliment mais fermement éconduits. Mieux !
Il arrivait qu'on les écoutât et qu'ils fissent de l'audience,
beaucoup d'audience, avec leurs drôles de films
racontant de drôles d'histoires...
Aujourd'hui, ce temps est révolu. Fantastique et science-fiction sont tenus pour des mots obscènes par les responsables de la fiction des différentes chaînes de télévision françaises qui ne veulent tout simplement plus en entendre parler. Certes, ils reconnaissent que ces genres ont ``un public'' mais ils estiment que celui-ci a de quoi satisfaire ses goûts pervers avec les téléfilms et les séries de provenance anglo-saxonne et qu'il est inutile, voire dangereux, d'investir ici dans ce type de sujets. Inutile, car cela coûte cher avec peu de chances de rapporter gros alors que l'achat d'un ``produit'' anglo-américain, qu'il s'agisse d'un téléfilm unitaire ou d'une série, est infiniment moins onéreux. Dangereux parce qu'en France, croient ces responsables, on ne sait pas faire de fantastique et de S.F. de qualité...
Si
le livre de Jacques Baudou et Jean-Jacques Schleret revêt
une telle importance, c'est parce qu'il vient précisément démontrer
le contraire. Pour qui n'a pas la mémoire courte, il est flagrant
que merveilleux, fantastique et science-fiction made in France
on occupé une place de choix sur nos petits écrans au cours des
décennies passées et que les réussites, tant en termes
commerciaux qu'artistiques, dans ce domaine sont loin
d'être des exceptions.
Alors... Que s'est-il passé pour que l'imaginaire francophone soit désormais interdit d'antenne ? En quoi l'évolution du P.A.F. est-elle responsable de la montée de ce néo-naturalisme que l'on croise désormais aussi bien sur les chaînes privées que sur celles du service public au détriment de toute échappée vers d'<< autres horizons >> ? Merveilleux, Fantastique et Science-Fiction à la télévision française n'apporte pas de réponse mais, au travers de la belle épopée que racontent Jacques Boudou et Jean-Jacques Schleret, on se prend à rêver d'une télé qui soit autre chose que le reflet au quotidien de la médiocrité ambiante, d'une télé qui invente, qui crée, qui espère, d'une télé tournée vers l'avenir... d'une télé nommée désir.